23/05/2014
La drogue peut-elle "doper la croissance" ?
Suggestion (libérale) des offices européens de statistiques :
L'institut italien Istat se présente – en anglais – comme « the main supplier of official statistical information in Italy. It collects and produces information on Italian economy and society and made it available for study and decision-making purpose. Istat is a public research body acting in full autonomy, governed by a President and a Council that plan, direct and evaluate its activities. » Dans un rapport publié hier, Istat déclare que le PIB italien pourrait être dopé s'il intégrait la drogue, la prostitution et la contrebande de tabac et d'alcool. L'institut souligne en effet que « le concept d'activité illégale est sujet à différentes interprétations ». C'est la logique du libéralisme classique : si la loi ne se réfère plus qu'au rentable, « les vices privés feront le bien public » (axiome de Mandeville au XVIIIe siècle, célébré au XXe par Hayek)... La banque d'italie évalue à 10,9 % du PIB la valeur de l'économie « parallèle » – qu'on appelait « criminelle » jusqu'à ce que les libéraux s'emparent du vocabulaire dans les années 1990 ; si l'Italie suivait la suggestion d'Istat, son PIB deviendrait donc « largement supérieur au taux de croissance de 1,3 % prévu par le gouvernement ». Prévision confirmée et généralisée par Eurostat : selon la direction de l'information statistique de l'UE, ce « nouveau calcul » porterait le « taux de croissance du PIB » à 2,4 % en Italie, à 3 ou 4 % en Autriche, en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas, et à 4 ou 5 % en Finlande et en Suède... Le tour d'horizon d'Eurostat ne paraît pas mentionner la France ; si cela veut dire que l'économie « parallèle » est moins importante chez nous, voilà une bonne nouvelle pour l'ex-ministre de l'intérieur Manuel Valls. La rareté faisant le prix (toujours selon les économistes classiques), il l'appréciera à sa juste mesure.
10:40 Publié dans Economie- financegestion, Europe | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : europe
Commentaires
QU'ILS AILLENT AU BOUT DE LEUR LOGIQUE
> L’institut Istat est bien trop timide dans ses propositions. Poussons-le à aller au bout de cette logique, en intégrant dans ce calcul du PIB et de la richesse nationale, non seulement le produit de la corruption et du crime, mais aussi celui de la mentalité ultralibérale.
Enfin, c’est évident : chez les cadres dirigeants de nos entreprises, le cynisme, la capacité à mentir, à manipuler, à tromper le salarié tout autant que le consommateur, à lui faire prendre la spéculation sur les hommes et les biens et la vessie boursière pour une lanterne magique économique, n’est-ce pas une vraie richesse ? Pour le trader comme pour l’agence de notation, le dirigeant ultralibéral et dénué de scrupule n’est-il pas un fantastique indice de gain à court terme. Et un court terme chassant l’autre, de prospérité pour le casino financier… ?
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Écrit par : Denis / | 23/05/2014
SUR CE BLOG !
> C'est logique, hélas et on en parlait régulièrement sur ce blog :
"Un libéral cohérent avec lui même est d'accord de libéraliser l'usage de la drogue. Ça pourrait se nommer "la drogue pour tous". Les armes et le sexe sont aussi des produits avec un marché. Vu qu'ils ont un marché répondant à une demande, ce sont des bonnes choses."
Écrit par : DidierF / | 20/06/2013
"Le droite libéral ne se réfère pour l'exercice de la liberté qu'à la seule nécessité de ne pas nuire à autrui. Or ce critère se révèle, à l'épreuve, d'un maniement pour ainsi dire impossible.
Selon ce critère, de quel droit, la société libérale pourrait-elle empêcher un individu de se nuire à lui-même (par la drogue ou autre...) ? Si l'on fonde son jugement sans recours à la moindre valeur ou éthique, de quel droit critiquer la marchandisation du corps?"
Michéa cité par S Lellouche le 07/08/2013
"Les intérêts financiers dirigeant la politique du fait de la dérégulation généralisée, la "morale" qui va avec, a envahi la politique.
A partir du moment où seul l'intérêt matériel compte et que tout aspect moral lui est soumis, les Etats suivent la même logique que la Mafia.
On est donc passé d'un système dérégulé qui a fait les choux gras des trafics illégaux (pensez donc ! une politique MONDIALE de limitation des contrôles aux échanges : le rêve de tout trafiquant d'armes de drogue, de prostitués, de travailleurs forcés !) à une économie "mafiamorphique" où ce qui rapporte est juste (n is good business) maintenant on a atteint le stade suprême où les Etats agissent comme des parrains : l'attaque de l'Irak pour s'arroger son pétrole, ce n'est rien d'autre que la reproduction à grande échelle, de la mainmise sur le traitement des déchets par la Camora à Naples, par exemple."
Écrit par : E Levavasseur / | 02/05/2013
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Écrit par : E Levavasseur / | 23/05/2014
EXPLOITATION
> Moi, je vais ouvrir une entreprise de VPH : valorisation du patrimoine humain.
Il s'agit d'acquérir des gens venant de zones en guerre ou affectées par la très grande pauvreté, pour leur permettre de valoriser leur potentiel et de créer une valeur ajoutée économique en proposant leurs services à des gens aisés.
Le contrat (signé entre adultes consentants, donc forcément légal et légitime) stipulerait la rémunération éventuelle que l'humain valorisé pourrait recevoir, mais ce contrat devrait ne devrait pas être régulé afin de ne pas favoriser la concurrence des pays les moins-disant et afin de ne pas faire émerger un marché au noir.
Dans la palette de services que ma société proposera, je n'oublierai pas d'inclure un droit à l'oubli compassionnel : une fois que le potentiel de service de la personne valorisée sera considéré comme insuffisant par le client, nous permettrons à l'humain valorisé de partir sans souffrances, minimisant ainsi celles du client. Sinon, le pauvre, il devrait se débarrasser de son pourvoyeur de services par ses propres moyens, ce qui conduirait à une inégalité de traitement inacceptable entre les différents pourvoyeurs de service.
Je dois encore un peu travailler la formulation et l'accroche marketing, mais je suis absolument certaine qu'il y a un énorme marché pour l'esclav... pardon, pour l'exploitation optimum du potentiel des humains défavorisés...
Voilà comment on va relancer la croissance, mes amis, et non, ne me remerciez pas...
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Écrit par : Dgeni / | 24/05/2014
MAIS AUSSI
> Mais leur démarche est géniale: intégrons aussi au PIB, dans la même logique, tous les échanges et activités pas (encore) complètement encadrés légalement: le bénévolat dans les soins palliatifs, l'éducation des enfants, les soins à nos grands-parents, l'amour et le plaisir (non tarifé), les promenades dans la nature (sport gratuit), les prières efficaces (hors offrande de messe),les échanges de services entre voisins etc...
Moi je suis d'accord pour doper le PIB de cette façon!
Mais peut-être pensent-ils déjà à encadrer légalement, tarifer et imposer tout cela...
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Écrit par : marie-ange / | 24/05/2014
BONUS ?
> Si je comprends bien, dans leur optique, une hausse de la mortalité péri-natale serait un bonus intéressant : les parents auraient un suivi psychologique pour surmonter le deuil (hausse de l'activité des psychologues et psychiatres), il y aurait davantage de monde aux funérailles que pour celles d'une personne âgée ( hausse des ventes de fleurs, cartes de condoléances et articles funéraires). Naturellement, après s'être débarrassé des articles de puériculture, les parents finiraient par décider d'avoir un autre enfant (achat d'une nouvelle layette). Et avec un peu de "chance", la femme aurait beaucoup de difficultés à être de nouveau enceinte par crainte de revivre le même drame (multiplication d'examens médicaux et PMA alors que le précédent bébé s'était fait sans souci).
Et ces gens se voient comme une élite parce qu'ils raisonnent comme des machines sans coeur et sans âme. Sans même se rendre compte que ce faisant, ils se considèrent comme des infra-ordinateurs.
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Écrit par : Barbara / | 25/05/2014
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